Polyphonies du temps de la Réforme Christoph-Thomas Walliser, Jan Pieterszoon Sweelinck et son cadet Anthoni van Noordt ont en commun d'avoir oeuvré à la mise en musique des psaumes. Ils le firent dans l'esprit de la Réforme, c'est-à-dire en ayant souci de préserver la compréhension du texte original tout en utilisant au maximum les ressources du contrepoint et la polyphonie. Le fidèle pouvait et peut encore quel que soit le degré de complexité de l’écriture fixer son attention et se laisser porter par la mélodie et le texte du psaume original. La famille de Walliser est originaire de Nuremberg. Son père était récemment installé à Strasbourg comme maître à l'école allemande de Saint Pierre Le Jeune quand naquit son fils Christoph. En 1600, après avoir consacré une dizaine d'années à voyager en Europe, celui-ci devint à son tour enseignant à l'Académie. Ses qualités de musicien furent reconnues à Saint-Thomas et à la Cathédrale, la Ville le chargea également de concerts polyphoniques chaque semaine et de compositions de circonstance. Son beau-père, l'imprimeur Karl Kieffer, contribua à éditer son œuvre, notamment les Ecclesiodes consacrés aux Psaumes de David. Les Ecclesiodes sont dédiées aux sept paroises de Strasbourg: Cathédrale, St-Thomas, St-Pierre-le-Vieux et St-Pierre-le-Jeune, St-Nicolas, St-Guillaume et Ste-Aurélie ainsi qu'aux pasteurs, enseignants, paroissiens, amis et mécènes. Ils rassemblent les psaumes les plus usités au cours de l'année liturgique à Strasbourg lors des principaux cultes dominicaux, traités à 4, 5 ou 6 voix. L'exécution polyphonique par un chœur d'étudiants venait alterner avec l'assemblée qui chantait à l'unisson toutes les strophes du psaume. Ainsi les paroles étaient bien claires et compréhensibles, idée maîtresse chez Luther. La présence du Gloria dans la musique de Walliser s'explique par une tradition qui remonte à l'église ancienne, selon laquelle on adjoignait la petite doxologie aux psaumes. L'assemblée chantait le Gloria après l'absolution. Les partitions de Walliser portent ses indications en matière de tempo, souhaité assez lent et de couleur, registre égal et voix légère. Dans son approche musicale, Ludus Modalis s’appuie sur les mêmes principes: un petit ensemble de voix mixtes a capella alternant avec l’orgue ou la monodie. Le travail spécifique de l’ensemble concernant l’intonation et la clarté du texte littéraire rejoint ici les préoccupations formulées par Walliser. Sweelinck connut quant à lui à la même époque la révolution d'un pays qui, s'opposant à l'occupant espagnol, se convertit tout entier à la Réforme et au Calvinisme. L'orgue fut banni de la liturgie, mais les Pays-Bas surent adopter une attitude modérée par rapport aux instruments –qu'on a parfois détruits ailleurs. À la Oude Kerk d'Amsterdam, Sweelinck, issu d'une famille d'organistes, fut l'interprète des deux concerts quotidiens que les municipalités décidèrent dès lors de financer. Exécutant et improvisant magistralement, il fut l'Orphée d'Amsterdam. Qu'il s'agisse de traiter les chorals lutheriens ou les psaumes, la démarche de Sweelinck fut elle aussi celle de la clarté, gardant la mélodie bien identifiable dans un environnement polyphonique riche, parfois élaboré en complexité croissante. On se souviendra qu'Amsterdam abritait nombreux réfugiés huguenots ainsi qu'une communauté francophile, pour comprendre que Sweelinck choisit de travailler sur la version française des psaumes, conçue par Clément Marot. Van Noordt, lui, naît quand l'ostracisme qui frappe l'orgue s'apaise. Elève de Dirk Sweelinck, le fils de Jan, il reprend l'héritage de cette clarté inaltérée qui préserve le psaume original dans sa mise en polyphonie. Le recueil qu'il publie en 1659 est un témoignage unique de cette période. ~~~~~~~~~~~~~ Jan-Pieterszoon Sweelinck (1562-1621) Psaume 137 “Estant assis aux rives aquatiques” à 5 Psaume 130 “Du fond de ma pensée” à 5 Psaume 140 “O Dieu donne moy délivrance” (orgue, 5 versets) Psaume 33 “Réveillez vous chacun fidèle” à 8 Psaume 65 “O Dieu, la gloire qui t’es deüe” (improvisation, orgue, 3 versets) Christoph-Thomas Walliser (1568-1648) Psaume 23 "Dominus regit me" à 5 - "Gloria" auf der 23. Psalm Davids à 6 Psaume 46 "Deus noster refugerium" à 5 - "Gloria" auf der 46. Psalm à 5 A Van Noordt (1620-1675) Psaume 2 “Pourquoy font bruit & s’assemblent les gens” (orgue, 3 versets) C-T Walliser Psaume 117 “Laudate Dominum” à 4 Ricercar improvisé (orgue) Psaume 117 “Laudate Dominum” à 6 J-P Sweelinck Psaume 110 “Le Toutpuissant à mon Seigneur et maistre” à 6 en quatre parties Psaume 42 “Ainsi qu’on oit le cerf bruire” à 8 Variations sur “Onse Vader in hemelrijck” (orgue) 8 chanteurs Nathalie Marec, Julie Robard-Gendre Sopranos Christophe Laporte, Olivier Guérinel Altos Bruno Boterf, Hugues Primard Ténors François Fauché, Jean-Michel Durang Basses Freddy EICHELBERGER Orgue
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